Le rire comme arme de sensibilisation
Publié le 21 novembre 2017
Interview d’Anne-Alexandrine, humoriste.
Anne-Alexandrine, alias Double-A, a une « drôle » de manière de parler de sa maladie. En effet, cette ancienne avocate en droit du travail s’est depuis peu reconvertie dans l’humour en écrivant un One-woman show détonnant : Spectacle de MalAAde.
Tadeo a pu la rencontrer et a échangé avec elle pour savoir d’où lui vient ce désir ardent de parler de sa maladie. Lors de ses représentations, elle évoque tous les sujets ; des difficultés d’insertions professionnelles que peut rencontrer une personne handicapée aux autres soucis de la vie quotidienne.
Découvrez le portrait de cette artiste qui brise les clichés sur le handicap d’une façon si joviale que même la maladie est pliée, de rire.
Qu’est-ce qui vous a motivé à faire un one-woman-show ?
Plusieurs facteurs. Une fois à l’hôpital, mon infirmier m’a dit qu’il me trouvait drôle et m’a fait remarquer que j’avais une manière d’aborder des sujets peu évidents sur un ton dérisoire. Puis j’avais une réelle envie de partager ma vision du handicap, de la maladie. Pour moi, le rire était le moyen le plus simple pour propager ce message.
Entretemps, j’ai également pu participer au concours « Le Talent de Ménilmontant » durant 9 mois de 2015 à 2016.
Comment est perçu votre spectacle ?
J’ai toujours eu de bons retours par rapport à mon spectacle. J’ai joué une dizaine de fois devant différents publics : un public plus concerné comme les malades et les soignants mais aussi un public plus général où certaines personnes n’hésitaient pas à venir vers moi pour échanger et en savoir plus sur mon affection.
Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?
Ce n’est pour l’instant pas encore mon métier principal mais à l’avenir, j’essaierai d’en faire mon métier. Ce qui me plaît vraiment dans cette activité c’est que Je m’organise comme je veux, mon spectacle me confirme que je suis encore capable de faire des choses et me permet de me sentir utile dans la société.
Je me sens bien lorsque je monte sur scène, beaucoup mieux que dans la vie de tous les jours !
Quels sont vos projets futurs ?
Il y a deux événements auxquels je vais prendre part très prochainement :
– Le Festival Off d’Avignon. (C’est un festival alternatif de théâtre et du spectacle vivant)
– Le tremplin humour de Bourges.
Quels sont les préjugés les plus courants en entreprise ? La SEP peu connue en entreprise, comment est-elle perçue ?
Dans mon cas, la SEP a été difficile à gérer par moment dans mon entourage professionnel. En effet, cette maladie, pour ce qui me concerne, entraîne un état de fatigue constant, des problèmes d’élocutions et peut provoquer des crises soudaines. En entreprise, les collègues ont souvent du mal à percevoir ces difficultés car ils se disent que nous sommes capables de contrôler la fatigue et les crises en ayant une meilleure hygiène de vie alors que non ! C’est une maladie imprévisible.
Que conseilleriez-vous aux missions handicap concernant l’emploi des personnes ayant une SEP ?
Il faudrait encourager les demandeurs d’emploi à se déclarer travailleurs handicapés. Généralement, les personnes handicapées ont cette crainte d’être perçues comme telles et il faudrait que les entreprises soient complètement transparentes à ce sujet et qu’elles puissent mener des actions concrètes pour cela. La manière de communiquer doit rassurer les personnes handicapées et démontrer que ce n’est pas un problème.
Ce serait aussi intéressant pour les missions handicap de favoriser le télétravail et de soumettre plus d’offres de postes à temps partiel.
Enfin, les collègues peuvent dépasser le cadre du travail (si affinités il y a évidemment) et ne pas hésiter à aller rendre visite aux salariés en situation de handicap quand ils sont à l’hôpital par exemple (c’est ce qu’on avait fait pour moi).
En savoir plus sur le spectacle : http://www.billetreduc.com/169597/evt.htm
Contact Anne-Alexandrine : briand.alexandrine@gmail.com
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